LE MEDRACEN: Menacé de disparition, le Mausolée d’Imadghasen englué dans une interminable rénovation
0Le Medracen (en berbère : Imedɣasen), est un mausolée numide datant du iiie siècle av. J.-C., situé en Algérie dans les Aurès, sur le territoire de la commune de Boumia, dans la wilaya de Batna.
Il est le plus ancien mausolée royal antique conservé d’Afrique du Nord. D’après des historiens médiévaux, il tirerait son nom d’un roi de Numidie, Madghis. Il a été soumis pour figurer dans la liste du patrimoine mondial par les autorités algériennes en 2002. Il est classé parmi les 100 monuments les plus en danger sur la Planète.
Échec d’une opération de restauration
Des pierres du Mausolée sont tombées sans être replacées.
Le mystère est entier autour de ces objets dérobés et dont la valeur est inestimable. Des historiens occidentaux ont fait circuler l’idée fantaisiste que le Mausolée aurait été construit par les romains pour amoindrir les efforts civilisationnels des Numides et leur attachement à la Méditerranée. Côté algérien, l’Histoire de ce monument reste entièrement à écrire tant que l’édifice est en place, témoin d’une belle époque, aujourd’hui très lointaine.
En 2014, l’Union européenne (UE) a annoncé la consécration d’une enveloppe de 21,5 millions d’euros pour un Programme d’appui à la protection du patrimoine culturel (UAP) en Algérie.
L’Algérie contribue dans ce programme par une somme de 2,5 millions d’euros qui s’ajoutent aux 21,5 millions d’euros promis par Bruxelles. L’UE a retenu les sites de la Casbah d’Alger, le Palais du Bey à Constantine et le Mausolée d’Imadghasen à Batna.
Marek Skolil, ex-chef de la délégation de l’UE à Alger, a annoncé qu’une enveloppe de 1,6 million d’euros allait également être dégagée pour un programme de formation dans le domaine du patrimoine et de la restauration des sites et monuments historiques.
Fin mars 2015, les experts européens, menés par Matteo Malvani, responsable de l’UAP, ont livré, lors d’une rencontre organisée à Batna par l’association les Amis d’Imedghassen et l’université Hadj Lakhdar, les premiers éléments de la recherche archéologique effectuée sur place. Une recherche qui a identifié « avec précision » les zones à restaurer.
« L’UE a sollicité des experts pour mener une étude approfondie. Nous attendons l’approbation de cette étude, qui est presque achevée, pour commencer les travaux de restauration », a déclaré Abdelwahab Zekagh.
L’opération est, selon Amor Kebbour, chapeautée par Fayçal Ouaret, directeur général de l’Agence nationale de gestion des réalisations des grands projets de la culture (ARPC).
« Les deux phases de ce programme ont été exécutées. La deuxième phase a été achevée fin août 2017. Nous attendons les financements pour débloquer la troisième phase qui consiste en la sécurisation du site et l’intervention sur le monument », a-t-il expliqué.
En attendant, le Mausolée d’Imadghasen, qui ressemble au Mausolée royal de Maurétanie de Tipaza, résiste à l’épreuve du temps, aux rafales du vent, aux orages d’hiver, au passage des pillards et à l’ingratitude des hommes.